2008 :

 

Sujet 2 :  COMMENTAIRE HISTORIQUE

Le rire de Nasser, les larmes de Budapest

Budapest et Suez... Les péripéties des deux crises se font écho. Le 4 novembre au matin, le maréchal Joukov lance le plan Rafale pour écraser les insurgés de Budapest ; le 6 novembre, les troupes anglo-françaises de l'opération ‘‘Mousquetaire’’ débarquent à Port-Saïd. Le 20 novembre, les derniers foyers de résistance s'éteignent en Hongrie ; le 22 décembre, il n'y a plus de troupes occidentales en Egypte. Budapest pleure des larmes de sang, tandis que le rire tonitruant de Gamal Abdel Nasser résonne au Caire.
La grille de lecture est simple : l'année 1956 est une pause, un brusque coup de froid après les prémices d'un dégel dans la guerre froide. Elle a débuté sous les auspices de la détente. A peine cinq mois plus tard, les haut-parleurs égyptiens annoncent à la population cairote que « la troisième guerre mondiale a commencé ».
Tout ne se résume pourtant pas à la guerre froide... Le président soviétique Nicolae Boulganine écrit aux puissances engagées en Egypte pour les menacer de « représailles massives », les Etats-Unis ont décidé de ne pas soutenir leurs alliés franco-britanniques...
La tragédie hongroise participe de la déstalinisation et de la crise amorcée de l'empire soviétique. En février 1956, au XXe Congrès du Parti Communiste de l'Union Soviétique, Khroutchev dans son rapport public, ouvre sans le vouloir la boîte de Pandore : il admet la diversité des voies socialistes. Les effets de son propos sur le bloc de l'Est sont inégaux...
En Hongrie, ils se traduisent par une crise globale et violente et les équipes dirigeantes en portent la principale responsabilité : Imre Nagy rompt avec Moscou, dénonce l'appartenance de la Hongrie au pacte signé un an plus tôt. L'affaire de Suez, pour sa part, est à la fois plus classique et plus complexe. Complexe, dans la mesure où elle superpose un enjeu impérial simple (le contrôle du canal de Suez) et le conflit israélo-arabe, à peine suspendu au printemps 1949. Mais l'événement, cette fois, renvoie pour l'essentiel au vaste mouvement de décolonisation.
             

                   Roger MARTELLI, Historien, Auteur de « 1956 communiste. Le glas d'une espérance »,
                   in Le Monde diplomatique, Octobre 2006.

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