EXTRAIT D’UNE VIE DE BOY
ELEMENTS DE REFERENCE POUR LA SITUATION
Ferdinand Oyono, écrivain camerounais ; romancier de la génération des années 1954, période de la fin de la colonisation : engagement politique, procès du colonialisme.
Une Vie de Boy, roman publié en 1954, relate le destin tragique d’un jeune garçon noir Toundi Joseph, boy dans la résidence du commandant blanc, qui va être accusé injustement d’un vol et être battu à mort sur l’ordre du régisseur de la prison, un blanc raciste qui le soupçonnait d’avoir ébruité sa liaison avec la femme du commandant.
Cet extrait, Toundi assiste à la torture de deux de ses compatriotes noirs accusés de vol par le régisseur de prison.
PLAN DU COMMENTAIRE SUIVI
1. Du début jusqu’à « s’écriait M. Moreau » : la scène de torture
2. De « On ne pouvait pas avoir vu… » Jusqu’à « à l’Eglise et au Temple » : les questionnements de Toundi
3. De « Comme d’habitude » jusqu’à la fin : le sort des prisonniers noirs
PLAN DU COMMENTAIRE COMPOSE
La découverte des réalités de l’univers carcéral sous la colonisation
La prise de conscience du véritable visage de la colonisation
FICHE TECHNIQUE
La scène de torture
Emploi du pronom personnel « Je » : Toundi est le narrateur acteur.
Témoin par hasard d’une scène de torture « J’ai trouvé M. Moreau en train de … ».
« D’apprendre à vivre » à deux nègres: litote, mise relief ironique par la parodie du langage raciste et méprisant des Blancs vis-à-vis des Noirs.
Mention de la présence du patron de Cercle européen : connivence, complicité entre les commerçants et les autorités administratives.
Emploi d’un terme fort « fouettaient » ; description physique des prisonniers : évocation directe des images de l’esclavage : nudité, menottes, place publique : volonté d’humiliation des Noirs ; « Place de la Bastonnade », expression ironique pour dénoncer le caractère violent de la colonisation française.
Description en gros plan de la scène de bastonnade ; « c’était terrible » procédé de mise en relief de la dureté de la scène.
Insistance sur l’instrument de torture « nerf d’hippopotame »; procédés d’emphase « labouraient leur chair », « me tenaillaient les entrailles », les onomatopées « chaque “Han” ».
Mise en relief de l’acharnement du Blanc
Description de l’attitude de M. Janopoulos : sadisme, jeu cruel avec les chiens.
Scène d’extorsion d’aveux par la violence aveugle ; ce qui laisse supposer l’absence de preuves.
Les questionnements de Toundi
Perplexité et effroi de Toundi face à tant violence ; mise en relation avec des enseignements des représentants de l’Eglise « Je pense », esprit critique de Toundi ; interrogations directes et indirectes sur les véritables rapports entre les Blancs et les Noirs dans l’univers colonial ; prise de conscience de l’hypocrisie du discours colonialiste et religieux
Le sort des prisonniers noirs
« Comme d’habitude » : règle établie
« Les suspects de M. Moreau» : absence de justice
Noms de lieux « Crève des nègres », « Cimetière des prisonniers » expression qui traduit l’œuvre criminelle des colonisateurs ; génocide des Noirs.
Rappel du sermon cynique des prêtres.
PROPOSITION DE CONCLUSION
Dans ce passage, l’auteur procède à une dénonciation virulente de la colonisation ; par le recours à diverses figures de styles comme l’exagération, l’ironie et la parodie, il cherche à soulever notre indignation en montrant la colonisation comme une entreprise où l’administration, de connivence avec les commerçants et l’Eglise s’adonne à des actes barbares, racistes, assimilables à un véritable génocide.
BAC L 2010
LA MORT DES PAUVRES
ELEMENTS DE REFERENCE POUR LA SITUATION
Charles Baudelaire : XIXème siècle ; précurseur du symbolisme, mouvement littéraire caractérisé par le rejet de la réalité et le refuge dans un monde spirituel; les poètes symbolistes se considèrent comme des incompris pour qui la vie sociale est le monde du spleen, c’est-à-dire la tristesse, l’ennui, le désespoir et le dégoût de la vie.
« Les Fleurs du Mal » est le titre provocateur du recueil poétique qui constitue son œuvre majeure ; le projet du poète est d’ « extraire la beauté du mal ».
Poème extrait de la première partie « Spleen et Idéal » où le poète, face au spleen cherche le refuge dans un idéal.
Dans ce poème, il évoque la mort des pauvres gens.
PLAN DU COMMENTAIRE SUIVI
Strophes 1 et 2 : la mort, consolation et espoir
Strophes 3 et 4 : la mort, promesse de bonheur pour les pauvres
PLAN DU COMMENTAIRE COMPOSE
CI N°1 : la mort comme remède contre le spleen
CI N°2 : La mort comme accès à la félicité
FICHE TECHNIQUE
Strophes 1 et 2 : La mort, consolation et espoir
Le titre « la Mort des pauvres » : évocation du thème de la mort dans un cadre particulier : chez les pauvres, au sens moral ou matériel ?
Strophe 1 :
Procédé de mise en relief « C’est la Mort qui.. » : insistance sur le rôle de la mort comme consolation
« Hélas » interjection qui marque la désolation, désespoir
« La mort qui… fait vivre » antithèse : marque le dégoût de la vie, le spleen, l’ennui
Reprise dub procédé de mise en relief « c’est qui » deux fois : anaphore : insistance sur l’importance rôle de la mort comme but de la vie, unique espoir ; expression du sentiment de dégoût de la vie.
« Comme un élixir » comparaison avec une drogue puissante
Répétition du pronom personnel « nous » qui traduit l’omniprésence de la mort en tous, mais comme soutien dans la vie ; attirance du néant, expression d’un mal-être
Strophe 2 :
Evocation des intempéries « tempête, neige, givre » : expression d’une vie difficile, triste
Répétition anaphorique du procédé de mise en relief « c’est » : insistance sur le rôle important de la mort
Métaphores « clarté vivante » « horizon noir » : image d’un phare, antithèse : la mort est une lumière, conception paradoxale
Métaphore « l’auberge fameuse inscrite sur le livre » : allusion religieuse à la Bible ?
« Manger, et dormir, et s’asseoir » champ lexical du repos, de l’apaisement ; redondance de la conjonction de coordination « et » : amplification de l’effet de la mort
Strophes 3 et 4 : La Mort, promesse de bonheur pour les pauvres
Strophe 3
Répétition de l’anaphore « c’est » ; insistance et mise en relief de l’idée ;
Evocation d’un ange, être céleste : glissement dans l’au-delà, la vie après la mort, ange de la résurrection ?
Mise en relief des pouvoirs divins : « doigts magnétiques » ; ange de la résurrection bienfaiteur « le sommeil, le don de rêves extatiques » : procure l’extase, la jouissance absolue.
« Refait le lit des pauvres » : métaphore ; allusion aux enseignements de Jésus que le pauvres vivront la félicité après la mort.
« Gens pauvres et nus » : association forte de deux adjectifs : on peut penser à la pauvreté matérielle, au dénuement total ; expression de la compassion.
Strophe 4
Répétition de l’anaphore « C’est » : insistance sur le rôle de la mort ; expression d’une exaltation mystique
La mort comme « expression de la gloire des Dieux » : manifestation de la puissance divine
« Grenier mystique » : métaphore : lieu de conservation des bienfaits divins
« Bourse du pauvre » : la richesse du pauvre
« Sa patrie antique » : idée d’être divin exilé sur la terre
« Portique ouvert sur les Cieux inconnus » : métaphore : l’accès au monde spirituel, au monde parfait
PROPOSITION DE CONCLUSION
En solidarité avec les gens « pauvres et nus », exclus du bonheur social, le poète exprime son mal-vivre et son mal-être face au spleen, d’où cette attirance pour le néant, la mort qui représente pour lui la délivrance ; par un style très riche en métaphores, jeux sur les sonorités, anaphores, il nous révèle une attitude mystique assez paradoxale qui considère la mort comme l’unique issue au bonheur pour les pauvres, car leur donnant accès à la félicité. On peut dire que ce poème ouvre le problème très complexe de la religion de ce poète assez déroutant sur la question religieuse.
EXTRAIT DE L’ETRANGER (A. CAMUS)
ELEMENTS DE REFERENCE POUR LA SITUATION
Albert Camus : écrivain français né en 1913 dans l’Algérie française et mort en 1960; philosophe, romancier, dramaturge, essayiste ; s’inscrivant dans la mouvance de la philosophie existentialiste de la première moitié du XXème siècle, représentée par Jean Paul Sartre, il dénonce l’absurdité de la condition humaine contre laquelle il prône la révolte sous forme de solidarité universelle contre le Mal qui est incarné par le totalitarisme et la guerre.
L’étranger : premier roman publié en 1942, au moment de la guerre ; récit de Meursault, un jeune français qui mène une vie absurde à Alger et finit par tuer un Arabe ; il va être jugé en cour d’assises et condamné à mort.
Ce passage à commenter se situe dans la deuxième partie du roman, au moment du procès ; le procureur général prononce son réquisitoire contre l’accusé.
Texte narratif : extrait de roman.
PLAN DU COMMENTAIRE SUIVI
La progression du récit peut être divisée en 3 parties :
Paragraphe1 : l’attitude désinvolte de l’accusé durant le procès
Paragraphe 2 : la démonstration de la culpabilité de l’accusé par le procureur
Paragraphe 3 : la conclusion du procureur
PLAN DU COMMENTAIRE COMPOSE
Centre d’intérêt N°1 : Un homme absurde, apparemment spectateur dans son propre procès
Centre d’intérêt N°2 : La perception de la logique implacable de la justice
Ce passage est une évocation de l’univers de la justice ; l’accusé semble être un spectateur indifférent à son propre procès, mais son récit nous révèle un homme très attentif à la logique implacable du procureur général qui plaide pour sa condamnation à une lourde peine.
FICHE TECHNIQUE
PROPOSITION DE CONCLUSION
Ce passage est une expression de l’absurde, un des postulats de la philosophie d’Albert Camus : l’absurde par le comportement de l’accusé qui assiste en spectateur objectif et détaché à sa condamnation à mort ; l’absurde par une parodie de justice incarnée par l’attitude du procureur dont la démonstration ne repose que sur son interprétation personnelle des faits et du comportement de l’accusé, sur sa capacité à convaincre grâce aux mots et à des effets de rhétorique.
Camus dénonce la justice comme un vaste jeu théâtral tragique reposant uniquement sur la subjectivité et les jeux de mots.
Pour aller plus loin : mettre en relation les éléments du texte qui illustrent la philosophie de l’absurde
ALIIN
ELEMENTS DE REFERENCE POUR LA SITUATION
Marouba Fall : écrivain sénégalais contemporain : romancier, poète, dramaturge
ALiin Sitooye Jaata ou la Dame de Kabrus : tragédie inspirée par une figure historique du Sénégal qui a incarné la résistance à la colonisation dans la région de la Casamance ; contexte politique de rébellion, mouvement indépendantiste.
Ce passage que nous avons à commenter se situe à la fin de la pièce : Aliin Sitooye livre ses dernières réflexions à Benjamin Jaata. Soudain la pluie se met à tomber.
PLAN DU COMMENTAIRE SUIVI
Réplique 1 : l’exaltation d’Aliin devant la pluie
Réplique 2 : Prière à la pluie purificatrice de l’humanité
PLAN DU COMMENTAIRE COMPOSE
CI N° 1 : la prise de conscience du règne du mal dans le monde
CI N°2 : invocation de la pluie, porteuse de renaissance
FICHE TECHNIQUE
Réplique 1 : l’exaltation d’Aliin devant la pluie
« Il pleut ! » : phrase exclamative qui traduit un sentiment d’excitation, de joie.
« le temps semble avoir lié ses ailes et se reposer » métaphore, assimilation du temps à un oiseau ; la pluie est un moment de paix, de sérénité, de silence parfait
« Le froufrou frais des feuillages sous les doigts folâtres du vent » : harmonie imitative : suggestion du bruit du feuillage sous la pluie.
« Ah ! L’écho des gouttes d’eau en moi ! » : Exclamations : sentiment d’exaltation d’Aliin
« Je ne sais quel étrange plaisir » : sentiment de bonheur indescriptible
« Comme une fillette » : retour à l’enfance ? Renaissance ?
« Je veux crier mais ma gorge se noue » : sentiments contradictoires : joie et tristesse à la fois
« Alors les larmes…sans que je m’en aperçoive » : puissant effet de la pluie qui déclenche des sentiments contradictoires à la fois de bonheur et de tristesse
« C’est toujours ainsi » : état permanent chez Aliin
« Je couve…ce monde aride qui saigne de toutes ses plaies » : métaphore de la parturition, d’un volcan qui prépare une éruption ; Aliin, poétesse, maîtresse du verbe inspirée par la pluie ?
« Ce monde aride qui saigne de toutes ses plaies » : drame intérieur, douloureux du à la situation désastreuse que vit le monde, l’humanité ; compassion pour tous les hommes, drame universel.
« cet instant est de paix » : aspiration à la paix ; allusion à la situation de guerre en Casamance.
Aspiration à la paix universelle.
Réplique 2 : Prière à la pluie purificatrice de l’humanité
Importance des indications scéniques : solitude d’Aliin, atmosphère lourde et particulière ; accouchement du poème annoncé ?
« Il pleut » : refrain : renvoie au début de la réplique 1
Monologue d’Aliin ; poème en prose
« La forêt…racines » allégorie : l’idée de rajeunissement est exprimée sous forme l’effet de la pluie sur la forêt, les arbres.
Interpellation de l’homme : message universel
« Etale ton âme salie » : évocation de la corruption des hommes, de l’humanité, invitation au repentir.
« C’est la main sans gant…lèche le monde » : métaphore qui dénonce le règne du Mal
Noter l’anacoluthe entre les deux phrases : un lien sémantique est sous-entendu et non exprimé grammaticalement.
« Pluie » : invocation de la pluie : prière adressée à la pluie : divinisation de la pluie : animisme ?
« Lave-nous l’esprit…détruit ou décime » : prière contre de la perversion morale, les dangers de la civilisation moderne
« Lave-nous » : anaphore : insistance sur la prière
« Priions…tranchées » : prière pour la solidarité universelle
« Il pleut » : refrain : insistance sur la pluie, la particularité du moment
« Homme, étale ton âme salie » : reprise de l’interpellation, injonction adressée à l’humanité, insistance sur la nécessité de profiter de ce moment privilégié pour se purifier.
« Chaque pluie qui tombe rebaptise le monde » : évocation de l’idée du baptême dans son sens premier ; allusion à l’histoire du baptême du prophète Jésus par Jean Baptiste ; la pluie comme moment de renaissance et de purification du monde, de l’humanité.
PROPOSITION DE CONCLUSION
Vu le contexte politique dans lequel il est publié, ce passage est riche de significations par les messages véhiculés en faveur de la paix : ce texte est un message pour la paix universelle.
Cependant, son originalité réside d’abord le choix d’une figure historique de la résistance de la Casamance à la domination étrangère comme un messager pour la paix universelle ; il y a l’idée d’un dépassement à opérer.
L’originalité apparaît surtout dans l’habileté du dramaturge à avoir transformé cette réplique dramatique en un poème en prose très riche par une écriture riche en images (allégorie de la pluie, métaphores) jeux sur les sonorités (harmonie imitative, anaphore, refrain).
INTRODUCTION
Emile Zola : XIXème siècle, chef de file de l’école naturaliste caractérisée par le réalisme et l’engagement politique.
(Dossier complet sur Zola : http://fr.wikipedia.org/wiki/Emile_Zola )
Germinal, roman publié en 1885 consacré à la dénonciation des conditions de vie des mineurs au XIXème siècle en France ; récit d’une grève de mineurs dans le Nord de la France.
Passage extrait de la 1ère partie : le personnage principal, Etienne Lantier, un ouvrier en quête de travail, vient d’arriver dans une mine. Recruté dans l’équipe de Maheu, il descend dans la fosse du Voreux et découvre le travail des mineurs au fond de la terre.
L’auteur nous montre Maheu au travail
PLAN DU COMMENTAIRE SUIVI
Début jusqu’à « …. d’une chaude buée de lessive» : les dures conditions de travail du mineur
De « …. Ce matin-là » jusqu’à la fin : l’acharnement du mineur
PLAN DU COMMENTAIRE COMPOSE
Centre d’intérêt N°1 : Une description réaliste du travail des mineurs
Centre d’intérêt N°2 : La dénonciation de la souffrance des mineurs
FICHE TECHNIQUE
PROPOSITION DE CONCLUSION
Emile Zola, à travers cet extrait nous fait découvrir les conditions de travail des mineurs au fond de la terre ; au-delà d’une description technique et précise de ce qui se passe au fond de la mine, il arrive à nous sensibiliser sur les conditions dramatiques dans lesquelles ces ouvriers travaillent par l’utilisation d’un style très riche combinant la métaphore et l’exagération. Cet extrait est une expression de l’engagement de l’écrivain naturaliste en faveur de la classe ouvrière. Il justifie cette affirmation de l’écrivain : « Une œuvre d’art n’est jamais que la combinaison d’un homme, élément variable, et de la nature, élément fixe. Le mot « réaliste » ne signifie rien pour moi, qui déclare subordonner le réel au tempérament. » (Ecrits sur l’art, in L’Evènement, 4 mai 1886.)
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