2. Le système monétaire de la Zone Franc

2 Le système monétaire de la zone franc

  •  
  • principes de fonctionnement de la Zone franc

Le fonctionnement actuel de la Zone Franc repose sur les principes suivants :
Une parité fixe entre l’Euro et les francs de la zone :
Cette parité résulte d’accords internationaux et non d’intervention quotidienne des banques centrales sur les marchés des changes. Depuis les accords de 1972-1973 les pays africains peuvent modifier cette parité sans l’accord de la France, mais ils doivent le faire à l’unanimité dans chaque zone. En cas de dévaluation de sa monnaie, la France doit se concerter dans toute la limite du possible avec ses partenaires de la zone Franc.
Une harmonisation des politiques monétaires : La politique monétaire est définie par zone, par un conseil des ministres où siègent des représentants français (la moitié des sièges au départ, un septième actuellement pour la BCEAO et le Tiers des sièges pour la BEAC. La politique monétaire qui vise la régulation de la masse monétaire, la fixation des taux d’intérêt et le contrôle sélectif du crédit ne peut se faire sans accord de la France.
Une liberté totale de mouvement des capitaux dans la zone : les transferts de capitaux d’un pays à l’autre sont libres et la transférabilité d’une monnaie à l’autre est illimitée.
Une centralisation des réserves de change : cette centralisation est effectué par le biais du « compte d’opération » ouvert aux banques centrales des pays de la zone auprès du Trésor français.
Les devises obtenues dans leurs transactions avec des pays non membres par chaque zone monétaire (UEMOA, BEAC) sont inscrites au crédit du compte d’opération à concurrence de 65% (35% restants pouvant être détenues par la zone). Le compte est tenu en Euro. Un solde créditeur est rémunéré par un taux d’intérêt. De même qu’un intérêt est perçu sur un solde débiteur.
Si le compte d’opération reste débiteur pour un pays ou zone pendant plus de 3 mois des restrictions sont appliquées : hausse des taux de réescompte, réduction du plafond de réescompte, limitation des avances à l’Etat. 

  • Les résultats de la Zone Franc

                 Au niveau de la france

Tout d’abord la parité fixe entre le franc et l’Euro élimine tout risque de change entre d’une part la France et ses partenaires européens et d’autre part les pays africains de la Zone Franc. Les transactions commerciales en sont ainsi grandement facilitées. Les entreprises de la Zone Euro sont favorisées par rapport à leurs concurrentes d’autres pays sur le marché africain.

Ensuite la liberté de circulation des capitaux dans la Zone Franc va favoriser les mouvements de capitaux entre la France et ses partenaires de la Zone Euro et ceux de la Zone Franc.
Enfin en cas d’excédents des balance des paiements des pays de la Zone, un apport de devises se fera au profit de la France qui utilisera pour soutenir l’Euro. Cet avantage qui se transforme en inconvénient en cas de déficit des balances de paiements de pays africains de la Zone Franc est à relativiser compte tenu de la faiblesse des économies de la Zone Franc.
Tout compte fait les avantages que la France tire de la Zone Franc doivent s’analyser en terme politique et stratégique (maintien d’une Zone d’influence) plutôt qu’en terme financier.


  Au niveau des pays africains membres

Comme avantages de leur appartenance à la Zone Franc, les pays africains bénéficient :
d’une très grande stabilité monétaire tant au niveau interne qu’externe : l a Zone franc est réputée être la Zone où les taux d’inflation sont les plus bas au monde. Depuis 1958 le Franc CFA n’a été dévalué qu’une fois, le 11janvier 1994 ;
d’une monnaie convertible à travers l’Euro qui favorise l’afflux des capitaux extérieurs permettant de financer de nombreux projets d’investissement, l’absence de marchés parallèles de devises et la compensation multilatérale des soldes des changes extérieurs.
D’un libre accès à des économies développées et diversifiées ce qui facilite l’approvisionnement des marchés en produits de toute sorte et réduit ainsi les tensions sur les prix.
D’une plus grande intensification de leur échange grâce à l’usage d’une monnaie unique.
A l’encontre des pays de la Zone Franc ses détracteurs retiennent le fait (inconvénients):

Qu’elle favorise l’extraversion des économies africaines ;
Qu’elle restreint l’autonomie de chacun des pays africains membres en matière de gestion monétaire : la monnaie est gérée dans le cadre d’institutions supranationales qui ne tiennent pas compte des spécificités nationales.
Qu’elle exerce des effets déflationnistes sur les économies africaines membres en raison de la gestion orthodoxe de la monnaie qui limite la progression de la masse monétaire, les déficits budgétaires et les avances des banques centrales aux Trésors
Que la mise en commun des réserves de change n’incite pas les pays déficitaires à plus de rigueur.
Que la fixité de la parité entre le CFA et l’Euro altère la compétitivité-prix des pays africains sur les marchés hors Zone Euro en cas de d’appréciation de la monnaie européenne.
Au total, le bilan de la Zone franc est difficile à établir. Il semble que les avantages l’emportent sur les inconvénients puisqu’aucun pays africain ne souhaite la quitter. Mais l’argument le plus fort en faveur de la Zone franc est certainement celui de l’intégration économique : il est incohérent de souhaiter l’intégration des économies africaines et vouloir la multiplication de monnaies nationales autonomes.

L’avenir de la Zone Franc
Si la Zone franc semble donner satisfaction actuellement, elle est appelée à subir des mutations avec l’avènement de la monnaie unique européenne. Le scénario le plus souhaitable serait le rattachement du CFA (à qui on devra donner un nom moins chargé) à l’Euro pour assurer sa convertibilité, dans un système de change fixe ajustable pour éviter les inconvénients de la fixité, dans un cadre beaucoup plus large que ce qui existe actuellement. Par exemple en Afrique de l’Ouest, l’expérience de la monnaie unique devra être élargie à tout l’espace de la CEDEAO. Le projet de création d’une monnaie unique par les pays gérant une monnaie autonome au sein de la CEDEAO va dans ce sens.

OIF
RESAFAD

EXAMEN.SN V2.0 © RESAFAD SENEGAL Creative Commons License - Avenue Bourguiba x rue 14 Castors, Dakar (Sénégal) - Tél/Fax : +221 33864 62 33