Corrigé Epreuve 2003 : Episémologie

Position du problème : Le sujet pose le problème du statut ou de la nature de la vérité. Est-elle stable ou changeante ? Autrement dit il s’agit de se demander si la relativité de la vérité implique nécessairement l’idée, qu’au fond, elle n’existe pas ?

Plan de développement :

  • Hypothèse 1 : Qu’est ce que la vérité : sa nature, ses caractéristiques ?
  • Argument 1 : définition de la vérité : La vérité est diverse et variée. Aussi il y’a plusieurs vérités. LA vérité (absolue) n’est pas la même chose que ce que la communauté scientifique ou sociale considère comme vrai (cf. Bachelard : « l’union des travailleurs de la preuve »). En vérité si la vérité est indépendante, éternelle, « ce qui est tenu pour vrai » est au contraire, temporel, précaire, et donc variable. Ainsi on observe plusieurs types de vérités. Il est vrai que la vérité exige la cohérence, mais c’est insuffisant dans certains domaines :

En science logico- formelle, la vérité se définit comme étant la cohérence, la logique, la rationalité du /dans le discours dans le langage. (Exemple : le syllogisme) En sciences expérimentales, la vérité est le fait qu’il y ait adéquation entre l’esprit et le réel (cf. Gaston Bachelard, Galilée, Bacon, etc.) En sciences humaines, la vérité se définit comme l’adéquation des hypothèses ou théories à la réalité (cf. les sondages, les enquêtes, etc.). Il y a aussi la vérité du cœur (cf. intuition chez Pascal), mais également la vérité-sincérité (exemple : la parole d’honneur, au tribunal, etc.)

  • Argument 2 : vérité et consensus _* Si on ne peut avoir l’unanimité, on cherche généralement le consensus qui est la voix de la plupart des membres d’une communauté (scientifique et / ou sociale). L’histoire de la marche de la vérité, de quelque ordre qu’elle soit, montre que la vérité n’a jamais était stable, absolue, unanime. C’est lié à la fois au statut du réel (cf. Bachelard, in La formation de l’esprit scientifique, B. d’Espagnat, Platon in Livre VII de la République) à la nature du sujet pensant (psychologie, éducation, environnement en général), mais surtout aux conditions matérielles, scientifiques, techniques et au rapport entre le sujet et l’objet. (cf. cours sur épistémologie)
  • Argument 3 : vérité et temporalité _* Platon pensait qu’il existe une vérité intemporelle, éternelle dans le monde intelligible. Ce monde ne connaît pas le temps, donc la variation. Mais le monde d’ici-bas ne peut pas faire abstraction du temps, de l’état des connaissances humaines, mais aussi des exigences et aspirations, des rêves de l’homme. Or, si l’homme est un animal perfectible (cf. Condorcet), cela implique qu’il s’inscrit toujours en devenir. Sous ce rapport, la vérité est aussi inscrite dans le temps et dans l’espace qui sont les formes à priori de l’entendement (cf. Kant, Hegel, Gaston Berger, etc.). Donc « il n’y a pas de vérité première, il n’y a que des erreurs premières », Bachelard dixit.
  • Hypothèse 2 : Que la relativité de la vérité pourrait conduire au scepticisme.
  • Argument 1 : qu’est-ce que le scepticisme ? _* Le scepticisme est la doctrine philosophique selon laquelle la vérité n’existe pas (c. Pyrrhon, Carnéade, Enésidène, Agrippa, etc.). Le scepticisme est différent du doute cartésien. Ce dernier est une méthode qui vise à découvrir la vérité qu’il considère comme existante (cf. le Discours de la Méthode et les Méditations Métaphysiques de René Descartes)
  • Argument 2 : vérité et scepticisme _* La vérité exclut-elle et / ou inclut-elle le scepticisme ? En vérité, de par sa nature, sa marche, la vérité incline à un scepticisme extrême. En effet, si la vérité est toujours en devenir, cela signifie que l’homme est éternellement appelé à courir derrière elle. Donc l’idée que cette vérité qu’on arrive pas à obtenir, à posséder, n’existe pas, ne peut que découler de cette insatisfaction ; même si on est pas obligé d’adhérer à cette idée.
  • Argument 3 : il n’a pas de vérité absolue. Il n’a que des vérités (relatives). Le réel est complexe, certes, mais l’esprit a réussi à le compartimenter (cf. Michel Foucault quand il parle d’épistémaï, c’est-à-dire de sphères de savoir). Autrement dit, il y a plusieurs domaines du savoir : sciences logico-formelles, sciences humaines, sciences expérimentales. Donc on ne peut avoir que des vérités épistémiques c’est-à-dire liées à un domaine particulier du réel. Mieux, dans chaque domaine ou épistémè, la vérité n’est pas stable (cf. Nietzsche dans Vérité et mensonge au sens extramoral, Eté 1873 quand il dit que : « la clé de la connaissance est jetée dans la nature, personne ne peut la retrouver ».

Conclusion

Le caractère consensuel de la vérité montre qu’elle n’est pas absolue. Mieux, c’est l’homme qui fait et définit la vérité. Qu’il en soit ainsi peut nous pousser à croire que LA vérité n’existe pas ; et donc à être sceptique. Mais la caractéristique de la vérité n’est-elle pas liée au progrès des sociétés et donc de lui-même. Bref, ne peut-on pas dire que la vérité est plutôt un consensus régulateur (cf. Thomas Kuhn, Karl Popper) et qu’il vaut mieux être relatif ou relativiste plutôt que sceptique ?

OIF
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