corrigé-2004-Les modèles économiques japonais et chinois

 

INTRODUCTION

Le Japon et la Chine sont deux pays qui assurent un leadership sur tous les plans dans l’Asie Pacifique. Avec deux systèmes économiques différents, leurs deux états jouent des rôles presque inversés dans leur mode d’intervention sur le plan économique et par rapport à leur philosophie

Quelle est la philosophie qui sous entend le rôle économique de chacun des deux états ?

Quel rôle, chacun des deux états joue t-il dans son modèle économique ?

 

DEVELOPPEMENT

Deux états aux philosophies économiques différentes

Le Japon et la Chine sont deux pays aux options économiques différentes. En effet si le Japon repose son modèle de développement sur le capitalisme depuis la révolution du Meiji en 1968, la Chine elle a opté pour l’économie planifiée depuis le triomphe des communistes de Mao en 1949. Propriétaire des premières structures industrielles avec la révolution du Meiji, l’état japonais n’a pas hésité à céder progressivement la presque totalité de ses parts au privé. Depuis lors, par tradition, l’économie japonaise est toujours dominée par de très grosses entreprises qui sont au départ de très grandes sociétés financières et industrielles ; à la tête de chacune d’elle, domine une grande famille féodale groupée autour d’un clan : c’est le cas des Mitsui ou des Ywasaki (Mitsubishi) à Tokyo ou des Sumitomo à Osaka. Par concentration, ces groupes ont formé très tôt de véritables trusts appelés Zaibatsu. Démantelés après la guerre, ces Zaibatsu ont retrouvé leur puissance dès 1953 même s’ils ne sont plus fondés sur des clans familiaux. Aujourd’hui ce sont de véritables conglomérats appelés Zaïkai qui combinent plusieurs activités dispersées dans de très nombreuses branches : banque, commerce, transport, assurance… Trois grands groupes dominent l’activité économique : ce sont Mitsubishi, Mitsui et Sumitomo. A l’époque récente d’autres se sont révélés : Fuji, Nippon Steel, Toyota, Hitachi, Honda, Matsushita. Ces groupes sont tous liés à une banque à affiliés à l’une des sociétés de commerces appelés Sogo Shosa. Ces grosses entreprises collaborent en outre avec de petites et moyennes entreprises (PME) qui représentent 90% des entreprises industrielles. Toutes ces réalités confortent l’idée d’un modèle économique japonais ancré dans le capitalisme et dans lequel, l’état joue à priori un rôle insignifiant.

En Chine par contre, dés le triomphe des communistes en 1949, à l’issue de la guerre civile, les structures d’un état socialiste se mettent en place. Ainsi dès 1950, le nouvel état lance une gigantesque réforme agraire et donne l'insufruit de la terre à la paysannerie. En 1953, le premier plan quinquennal est lancé par l’état dans la tradition des modèles socialistes et s’inspire beaucoup d’ailleurs du modèle soviétique et porte même la marque stalinienne. L’état est resté omniprésent dans l’organisation économique et du Grand Bon en Avant en 1958 à la politique des Quatre Modernisations en 1978, son rôle est resté prépondérant. Ses prérogatives s’exercent encore à trois niveaux :

  • la planification qui lui permet d’orienter et de contrôler la croissance inscrite dans les plans quinquennaux
  • la politique financière par l’intermédiaire de la Banque de Chine
  • les échanges extérieurs ; gérés par des sociétés nationales d’import et d’export. Ces deux états ; pourtant malgré leur option afficheront des modes d’intervention sur le plan économique qui semblent parfois opposées à leur philosophie.

 

Des rôles économiques, presque inversés de nos jours

Malgré son option capitaliste avec la philosophie libérale qui la sous tend, l’état japonais joue un rôle économique que d’aucuns estiment exorbitant et que certains n’hésitent pas à qualifier de capitalisme d’état. En effet, l’état japonais semble omniprésent dans le jeu économique par le canal du MITI (Ministère du Commerce International et de l’Industrie) dont le rôle est stratégique ; il rassemble les informations sur les technologies et les marchés mondiaux, oriente la recherche, facilite la reconversion des secteurs en déclin, mène à l’extérieur les négociations commerciales. Au total, l’état nippon est le protecteur de l’entreprise nationale en ayant érigé un protectionnisme rigoureux contre les importations étrangères sur le territoire. Pourtant on peut nuancer ce dirigisme étatique d’un certain point de vue car de tous les pays capitalistes, le Japon est le pays où l’imposition appliquée aux entreprises est le plus faible : 24,3% du PNB contre 26,6% aux Etats – Unis, 33,5% en France, 41,8% au Royaume Uni.

En Chine le cheminement a été presque inverse car malgré une planification rigoureuse et une centralisation tous azimuts, l’économie s’ouvre de plus en plus à l’économie de marché. En effet l’édification de la voie chinoise de développement a été marquée depuis1949 par une opposition entre radicaux « maoïstes »chez qui l’idéologie a toujours primé sur l’économie et « modérés pragmatiques » plus attachés à la gestion. Ainsi à la disparition de Mao en 1976, les « pragmatiques » s’emparent du pouvoir avec Deng Xiaoping à leur tête qui lance la politique des « 4 Modernisations » en 1978. Depuis lors, l’économie chinoise se libéralise chaque jour un peu plus avec une ouverture sur l’occident. L’état cède ainsi des pans importants de l’économie aux investisseurs étrangers qui sous de « joint venture » assurent les performances économiques de la Chine actuelle. En effet sur tout le littoral des Zones Economiques Spéciales ‘ZES’ essaiment et à l’exemple de Hong Kong (retournée à la Chine depuis 1997) ou de Shenzen aujourd'hui , échappent à la planification socialiste et reposent sur des méthodes de gestion capitalistes. Malgré tout pourtant, directement ou indirectement, la 9/10e de l’économie chinoise sont encore entre les mains de l’état.

 

(CONCLUSION)

 

Au total, avec les options économiques différentes, les états japonais et chinois ont des vocations différentes. Pourtant, les vicissitudes de l’économie et les mutations, les ont conduit à des destins presque croisés. En effet si l’état chinois desserre progressivement son emprise sur l’économie, l’état nippon garde un rôle important dans les rouages de son économie. Mais la mondialisation et les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à laquelle, la Chine a adhéré en 2002, ne prédisposent – elles pas les états à des rôles de moins en moins importants ?

 

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