1992 : Les forces du bien

 

De toute la volonté de servir l’idéal, éparse dans l’humanité, seulement une part minime parvient à se manifester dans une action menée à bonne fin. La majeure partie de cette force qui aspire à faire le bien doit se contenter de réalisations obscures et imparfaites. La somme de ces élans possède cependant une valeur mille fois supérieure à celle de l’activité égoïste qui se déploie brusquement dans le monde. Celle-ci comparée à celle-là n’est que 1 ’écume à la surface d’une mer profonde. Les forces du bien qui agissent obscurément s’incarnent dans ceux qui, ne pouvant consacrer toute leur existence au service personnel direct, en font une tâche annexe. Le sort de la plupart d’entre eux est d’exercer un métier pour gagner leur vie et s’assurer leur place dans la société, métier souvent banal, sinon pénible et qui ligote peu à peu les forces vives de l’âme. Il n’existe pourtant pas de situation qui ne permette de se dévouer en tant qu’être humain. Le problème créé par la spécialisation et la mécanisation progressives du travail ne sera toujours résolu qu’en partie par les concessions que la société pourra faire sur le plan matériel. L’essentiel est ailleurs : c’est que les individus eux-mêmes ne subissent pas passivement leur sort, mais essaient, de toute leur énergie, d’affirmer leur personnalité humaine par une activité spirituelle, même dans les circonstances défavorables ou ils se trouvent. On peut sauver sa vie d’homme à côté de son existence professionnelle si l’on recherche toutes occasions, si humbles soient-elles d’agir humainement envers des hommes qui ont besoin de l’aide d’un homme. On s’enrôle ainsi au service du spirituel et du Bien. Aucune destinée ne peut empêcher un être de rendre ce service humain direct en marge de son métier. Trop d’occasions n’ont pas été saisies dans ce domaine, et tous nous en avens laissé passer. Que chacun s’efforce dans le milieu où il se trouve de témoigner à d’autres une véritable humanité. C’est de cela que dépend l’avenir de ce monde. 
Des valeurs considérables se perdent à tout instant du fait d’occasions manquées, mais ce qui en reste, et qui se mue en volonté et en actes, constitue une richesse qu’il ne faut pas sous-estimer. Notre humanité n’est nullement aussi matérialiste qu’on l’assure avec trop de complaisance.

                   Albert SCHWEITZER, Culture et Ethique

 

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