2018

 

SUJET I : RESUME - DISCUSSION

Au stade actuel de notre civilisation, l'expérimentation sur l'animal reste une nécessité et réclamer sa suppression relève de l'utopie. Cela dit, il reste légitime de s'interroger sur la manière dont est pratiquée cette expérimentation, de la collecte des animaux à leur mort.

Il est exact que les opérations sanglantes sont maintenant presque toujours pratiquées sous anesthésie. Je connais cependant quelques exceptions qui ne sont pas toutes scientifiquement justifiées. En outre, surtout en pharmacologie, les injections de produits à tester sont faites sans précautions, quelle que soit leur nature. De toute manière, il est rare que l'animal soit ensuite maintenu sous anesthésie, ou tout au moins sous analgésiques, même lorsque les suites de l'intervention sont extrêmement pénibles. Or, ce serait non seulement possible, mais techniquement souhaitable dans la plupart des cas. Quelques services le font déjà pour des raisons d'éthique, ou simplement par souci de perfection méthodologique. Cette pratique pourrait facilement être étendue à tous les laboratoires de recherches fondamentales. Elle se heurterait, évidemment, à plus de difficultés lors des tests pharmacologiques, tout au moins lors de la première phase, qui se pratique sur des lots importants de rats et de souris. Mais c’est uniquement une question de temps et d'argent. Enfin, nombre d'animaux doivent être tués (survivants expérimentaux, témoins à autopsier à titre de comparaison, etc...). Je regrette généralement d'avoir à dire que l'opération n'est pas toujours réalisée d'une manière convenable.

Un autre problème est celui de la vie des animaux avant l’'expérimentation, ou après, si celle-ci a été bénigne et peut se répéter. Ces conditions sont généralement convenables pour les petits rongeurs élevés dans des cases standard peu coûteuses. Il n'en est pas de même pour les animaux plus grands, chats et surtout chiens et singes. Certaines «animaleries» sont parfaitement scandaleuses et laissent d’ailleurs perplexe quant à la qualité scientifique des résultats obtenus sur les sujets qui y vivent. D'autres sont plus modernes et mieux tenues, mais trop souvent il n’y est fait aucun effort pour un minimum de confort psychologique et, par exemple, des espèces fondamentalement sociales sont maintenues dans l'isolement (...).

Indépendamment des traitements subis par les animaux d'expérience, le nombre de ceux qui sont utilisés mérite aussi d’être examiné. Ce nombre est manifestement excessif, pour des raisons multiples parmi lesquelles on peut citer le manque d'homogénéité des lots, de mauvais protocoles expérimentaux, une utilisation routinière de la statistique, de fréquents doubles emplois et, enfin, des expériences inutiles. || va de soi qu'en recherche fondamentale des tâtonnements sont inévitables, avec une proportion d'échecs élevée. Mais, lorsque deux équipes concurrentes travaillent sur le même sujet, avec les mêmes méthodes, leur seul souci est d'arriver la première et le gaspillage des animaux leur importe peu.

Henri Saint-Girons, Directeur de recherche au CNRS.

CONSIGNES

1) Résumez le texte en 110 mots avec une marge de tolérance de 10 mots en plus ou en moins.

2) Discutez l'opinion suivante : « l'expérimentation sur l'animal reste une nécessité et réclamer sa suppression relève de l'utopie.»
D'abord, vous montrerez que l'expérimentation animale est incontournable dans le monde scientifique. Ensuite, vous direz comment sa pratique abusive pourrait entraîner des conséquences néfastes. Enfin, vous proposerez des solutions pour réduire les risques auxquels les animaux sont exposés durant l'expérimentation.

 

SUJET II : 


LA FAIM

La faim, c'est le regard de la prostituée,
C'est le bâton ferré du bandit, c’est la main
Du pâle enfant volant un pain sur le chemin,
C'est la fièvre du pauvre oublié, c'est le râle
Du grabat' naufragé dans l'ombre sépulcrale?.
Ô Dieu ! la sève abonde, et, dans ses flancs troublés, La terre est pleine d'herbe et de fruits et de blés,
Dès que l'arbre a fini, le sillon recommence :
Et, pendant que tout vit, ô Dieu, dans ta clémence, Que la mouche connaît la feuille du sureau,
Pendant que l'étang donne à boire au passereau, Pendant que le tombeau nourrit les vautours chauves, Pendant que la nature, en ses profondeurs fauves, Fait manger le chacal, l’once et le basilic®,
L'homme expire ! — Oh ! la faim, c'est le crime public : C'est l'immense assassin qui sort de nos ténèbres.

Victor Hugo, « Les luttes et les rêves », in Les Contemplations, 1856.

1. Grabat : misérable
2. Sépulcrale : qui évoque un tombeau
3. Sureau : arbuste
4. Passereau : espèce d'oiseau de petite taille
5. Once : grand félin vivant dans les régions froides et montagneuses d'Asie
6. Basilic : grand lézard voisin de l’iguane

CONSIGNES :

Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé.

COMMENTAIRE SUIVI

Dans le cadre d’un commentaire suivi, vous montrerez comment le poète peint la faim avant d'invoquer Dieu pour lui demander pourquoi l'homme ne bénéficie pas des mêmes avantages offerts à la nature.

COMMENTAIRE COMPOSE

Dans le cadre d'un commentaire composé, vous étudierez la manière dont le poète met en parallèle la nature et la société humaine pour démontrer que la faim est un crime contre l'homme.

 

SUJET III : DISSERTATION

Umberto Eco affirme dans Les bois au roman et d'ailleurs : « aborder un texte narratif signifie adopter une règle fondamentale [...]. Le lecteur doit savoir qu'un récit est une histoire imaginaire, sans penser pour autant que l'auteur dit des mensonges ».
Commentez cette affirmation en montrant d'abord la place centrale de l'imagination dans les récits de fiction ; ensuite, le travail des écrivains pour rendre ces récits vraisemblables ; enfin, les fonctions de ces récits auprès du lecteur.

 

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