2003 : le conte

 

Dans son engagement au service de la société, le conte œuvre à maintenir les assises de la pensée culturelle et religieuse. Mieux, il tend à une sorte d’uniformisation de cette pensée dans laquelle les sociétés traditionnelles ont dû voir un facteur de permanence. Ainsi, sont prévenues les « déviations » de pensée susceptibles d’attenter à l’harmonie du groupe. De là vient de même sinon l’immobilisme du moins la lenteur des progrès enregistrés dans les sociétés. Il faut des évènements particulièrement importants – par exemple, sur la pression d’évènements historiques ou à la suite d’un cataclysme entraînant un bouleversement du mode de vie – pour que ces sociétés procèdent, pour faire face à la situation nouvelle, à une remise en question de leurs valeurs culturelles et religieuses.
Les fonctions religieuses du conte recoupent dans une large mesure ses fonctions intellectuelles. Du fait même de l’engagement de la littérature dans la vie, dans la survie de la société, toute formation intellectuelle ne peut être que d’ordre moral ou religieux. Nombreux sont les contes qui font place à l’enseignement religieux. Il faut d’abord citer ceux qui relatent les légendes cosmogoniques qui sont à l’origine même de la religion, qui en donnent ainsi un point de départ et une justification. Viennent ensuite les contes qui illustrent tel ou tel aspect des légendes religieuses. Enfin il existe de nombreux contes composés de toute évidence pour renforcer les sentiments religieux des auditeurs. 
Tel conte met en scène un personnage jouissant de la faveur des puissances supérieures en récompense de sa piété, tel autre conte relatera le châtiment exemplaire d’un mécréant auquel il sera offert ou de se soumettre aux croyances ancestrales ou de périr. Ici le conte constitue une sorte de moyen de rappel, l’enseignement religieux étant dispensé ailleurs. 
L’une des fonctions les plus importantes du conte, que l’on sacrifie souvent un peu trop rapidement aux précédentes, se trouve être d’ordre social. Le premier intérêt du conte dans une société rurale est de permettre à ceux que leurs occupations ont séparés pendant la journée de se retrouver pour s’instruire à l’occasion et se réjouir ensemble. Ils se réunissent pour se connaître et mieux se comprendre. Ils se retrouvent et s’inquiètent des problèmes des uns et des autres. Il en naît ainsi un certain renforcement de leurs relations. Ce sont les contes qui permettent de dégager les leçons de conduite à adopter dans la vie de tous les jours, les enseignements propres à faciliter les rapports à l’intérieur du groupe. Ils rappellent en outre à l’enfant le respect dû aux anciens à la femme ses devoirs domestiques à l’adulte ses responsabilités envers sa famille et la communauté au sein de laquelle il vit. Il se crée ainsi, de façon tacite, une sorte d’étiquette, un code de bonne vie valable pour tous.

 

          Mohamadou KANE : Les Contes d’Amadou Coumba du conte traditionnel au conte moderne d’expression française, Dakar, 1968, PP. 31 à 36

 

1) Résumez le texte ci-dessus au quart de sa longueur, soit environ 120 mots. (Une marge de 10 % en plus ou en moins est admise). 


2) Discussion : Discutez le point de vue selon lequel, dans la société traditionnelle : « toute formation intellectuelle ne peut être que d’ordre moral ou religieux ».

 

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