2014

 

SUJET I : RESUME SUIVI DE DISCUSSION

 

TEXTE : Le romancier négro-africain et la langue française

Le romancier négro-africain est à la recherche – surtout depuis les « soleils des Indépendances » - des modes d’expression pouvant lui permettre de se distinguer du romancier occidental, des moyens de communication susceptibles d’imprimer à son oeuvre un cachet authentiquement négro-africain. Du reste il est à reconnaître que ce n’est pas par le choix des thèmes qu’un romancier nègre parvient à se distinguer de son homologue occidental, surtout du romancier colonial ; son originalité, à notre avis, ne peut résider que dans la manière d’appréhender les thèmes relatifs à la civilisation négro-africaine et dans le choix des modes d’expression qui ne divorcent pas d’avec les valeurs des milieux qu’il dépeint. [...]

Le nombre impressionnant d’africanismes, que nous rencontrons dans la plupart de nos romans, nous prouve suffisamment qu’il existe, chez nos romanciers, une tentative tantôt timide tantôt agressive de rompre avec le style académique français et un désir avoué ou inavoué de s’exprimer dans les langues maternelles. Il n’y a rien de plus naturel. Le besoin de communication est un besoin inné chez l’homme ; [...]. Un lien étroit existe indubitablement entre l’homme, sa langue et sa culture. Homme-langue-culture est une seule et même réalité. Devant les contingences et les exigences de la vie, l’homme change et, en conséquence, sa culture s’enrichit ou s’appauvrit ; le meilleur véhicule d’une culture étant la langue que cette culture a fait naître, toute modification de la culture modifie la langue ; tout enrichissement ou tout appauvrissement de la culture enrichit ou appauvrit la langue. L’une ne se conçoit pas sans l’autre : leur destin est lié. Le besoin qu’éprouvent nos romanciers de mêler aux éléments de la langue française des éléments des langues négro-africaines est un besoin légitime tant qu’il ne se confond pas avec le goût pour l’exotisme que nous pouvons surprendre chez tel ou tel romancier des premières heures. Le rôle du critique, à notre avis, ne consiste pas, ici, à infliger des condamnations sans appel, mais à examiner du point de vue esthétique les diverses tentatives d’innovation de nos romanciers. Pour nous, la langue française n’est rien de moins qu’une langue d’emprunt. C’est à elle de se soumettre aux exigences du génie négro-africain.

Compte tenu des nombreuses difficultés qui l’accablent, compte tenu de la formation qu’il a reçue à l’Ecole française, compte tenu de son désir d’aimer, de comprendre et de protéger son peuple et sa civilisation, vous concéderez bien que le principal héros du roman négro-africain est l’auteur lui-même. Il convient de remarquer que celui-ci ne pourra exploiter toutes ses possibilités, ne s’acquittera dignement de sa mission et que la littérature romanesque négroafricaine n’espérera atteindre son plein épanouissement que le jour où une littérature en langue nationale se développera parallèlement à notre littérature d’expression française ; l’influence qu’elles exerceront l’une sur l’autre contribuera assurément à l’enrichissement des deux langues.

                              Makhily Gassama, Kuma, NEA, Dakar – Abidjan, 1978, pp. 236 - 239.

 

RESUME : Résumez ce texte en 126 mots. Une marge de 10% en plus ou en moins est tolérée.

 

DISCUSSION : L’utilisation d’une langue étrangère peut-elle être un obstacle à l’expression de l’authenticité chez l’écrivain négro-africain ?

 


SUJET II : COMMENTAIRE

 

Il est tard dans la nuit, Strasbourg a baissé ses paupières, pour dormir ou pour éviter, par pudeur, d’observer l’intimité des amoureux et les mélancolies nocturnes. Ce sont toujours ces moments-là que choisit ma mémoire pour dérouler des films tournés ailleurs, sous d’autres cieux, des histoires tapies en moi comme d’anciennes mosaïques dans les souterrains d’une ville. Mon stylo, semblable à une pioche d’archéologue, déterre les morts et découvre des vestiges en traçant sur mon coeur les contours de la terre qui m’a vue naître et partir. De faits qui jadis ne retenaient guère mon attention, je compose maintenant mes nourritures d’exil et, surtout, les fils de tisserand censés rafistoler les liens rompus par le voyage. La nostalgie est ma plaie ouverte et je ne peux m’empêcher d’y fourrer ma plume. L’absence me culpabilise, le blues me mine, la solitude lèche mes joues de sa longue langue glacée qui me fait don de ses mots. Des mots trop étroits pour porter les maux de l’exil ; des mots trop fragiles pour fendre le sarcophage que l’absence coule autour de moi ; des mots trop limités pour servir de pont entre l’ici et l’ailleurs. Des mots donc, toujours employés à la place de mots absents, définitivement noyés à la source des larmes auxquelles ils donnent leur goût. Finalement, des mots-valises au contenu prohibé, dont le sens, malgré les détours, conduit vers un double soi : moi d’ici, moi de là-bas. Mais qui peut se multiplier comme le pain du Christ sans choir des bras des siens ? Et surtout, y a-t-il quelqu'un pour ramasser l’oisillon tombé du nid ?

                                                                                  Fatou DIOME, Le Ventre de l’Atlantique,
                                                                                  Editions Anne Carrière, Paris 2003, pp. 258 / 260.

 

Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé. Dans le cadre d’un commentaire composé, vous pourrez montrer par exemple comment la difficulté à exprimer la nostalgie de la terre natale nourrit l’inspiration de la romancière et débouche sur une écriture très poétique.

 

 

SUJET III : DISSERTATION

 

En vous fondant sur les différentes oeuvres littéraires que vous connaissez, commentez et discutez l’opinion selon laquelle tout auteur puise dans sa propre vie la matière et l’inspiration pour composer son oeuvre.

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