2014


SUJET I : Résumé - Discussion

                                              

                                             Esclaves du portable

A l’origine, la communication mobile est, comme d’autres avant elle, un besoin créé par les industriels qui fabriquent les téléphones portables. Tout se décide du côté de l’offre.
Motorola, Intel, Nokia, Sony Ericsson, Samsung, Vodafone, Microsoft, Orange, SFR, Bouygues et bien d’autres commercialisent à l’échelle de la planète des gadgets et des services sans fil.
De prodigieux efforts de développement transforment tous les secteurs du marché : matériel, réseau, systèmes d’exploitation, logiciels, etc. La téléphonie sans fil bénéficie d’investissements massifs, à la hauteur des enjeux : le nombre de portables a déjà dépassé celui des téléphones fixes. Et tout indique que sa véritable explosion n’est pas encore advenue. Parce que la multiplication des appareils et des services et le marketing qui l’a accompagnée ont entraîné une transformation sociale de grande ampleur. Avec une myriade de téléphones nomades dotés de fonctions multiples (calculatrice, montre, jeux, appareil photo, caméra, vidéo, radio, télévision, Internet,. etc.) ; nous voulons communiquer avec le monde entier tout en nous déplaçant. Nous aspirons à ce que les spécialistes appellent : le « contact permanent».
Le monde merveilleux de la mobilité séduit et fascine. Il risque aussi d’engendrer le chaos, car, en développant des standards incompatibles, des firmes rivales prennent les abonnés en otage et morcellent le marché, rendant difficile parfois, sinon impossible, l’utilisation d’un seul appareil pour passer des appels, télécharger des données, consulter Internet, recourir au visiophone...

La compétition qui se déchaîne autour des prochaines générations de technologies mobiles pourrait amplifier ces problèmes. Bien qu’en retard sur l’Europe et sur l’Asie en matière de téléphone portable, les Etats-Unis sont « en avance » sur le terrain de la guerre commerciale.

Car l’obsolescence frappe l’ensemble du marché des portables. Rien qu’aux Etats-Unis, entre 40 et 50 millions de téléphones sont jetés chaque année. [...] « Les grands opérateurs comme Sprint et Verizon aux Etats-Unis, Vodafone en Grande-Bretagne et Hutchison à Hongkong, note le Wall Street Journal, s’arrachent les dernières nouveautés. Seuls les appareils très sophistiqués peuvent accéder aux nouveaux services que ces opérateurs essaient de vendre aux abonnés pour augmenter leurs profits.» Le fabricant qui laisse passer la nouvelle mode risque de le payer cher. [...]
Mais le développement des réseaux de télécommunication sans fil dépend aussi de facteurs contingents difficilement contrôlables. Le plus important est l’accès à de larges segments du spectre électromagnétique, cette ressource invisible utilisée pour la transmission
par satellite et par d’autres formes de communication électronique. Cette dépendance est source d’instabilité. En 2000 et 2001, au plus fort de la spéculation sur les nouvelles technologies, des opérateurs pris de panique ont déboursé des sommes colossales pour acheter les fréquences UMTS mises aux enchères par les gouvernements [...], afin d’être les seuls à pouvoir établir la nouvelle génération de réseaux à haut débit. Les dettes contractées pour ces opérations sont venues s’ajouter aux sommes astronomiques dépensées dans les rachats de concurrents [...] et ont provoqué le crash de l’industrie des télécommunications en 2001 – 2002.

Dan Schiller, Le Monde diplomatique, n°611, février 2005.

1. Résumez ce texte en 125 mots avec une marge de tolérance de 10 % en plus ou en moins.

2. Discussion : Pensez-vous que les nouvelles formes de communication ont un impact positif pour la société ?

 

SUJET II : COMMENTAIRE

                                                     Fama à Togobala

Fama Doumbouya, personnage principal de Les Soleils des Indépendances, est revenu à Togobola, capitale du Horodougou, pour les funérailles de son cousin Lancina et la population est venue le saluer.

Et Fama trônait, se rengorgeait, se bombait. Regardait-il les salueurs ? A peine ! Ses paupières tombaient en vrai totem panthère et les houmba1 ! jaillissaient. Au petit de ce matin d’harmattan, au seuil du palais des Doumbouya, un moment, pendant un moment, un monde
légitime plana. Les salueurs tournaient. Fama tenait le pouvoir comme si la mendicité, le mariage avec une stérile, la bâtardise des indépendances, toute sa vie passée et les soucis présents n’avaient jamais existé. Le griot débitait comme des oiseaux de figuiers. Les salueurs venaient et partaient.
Soudain une puanteur comme l’approche de l’anus d’une civette : Balla le vieil affranchi était là. Gros et gras, emballé dans une cotte de chasseur avec des débordements comme une reine termite. Et aveugle : on guida ses pas hésitants de chiot de deux jours et le fit asseoir à la
droite de Fama. Des mouches en essaims piquaient dans ses cheveux tressés et chargés de gris-gris, dans les creux des yeux, dans le nez et les oreilles. [...] Lui Balla n’était pas un salueur, un étranger, mais un de la famille Doumbouya, un affranchi qui était resté attaché à ses maîtres, à la libération. On lui reprocha le retard. Il n’entendait rien.

                                                                        Ahmadou KOUROUMA, Les Soleils des Indépendances, 1970, pp. 110-111.

1. houmba = « Oui » en bambara

Faites de ce texte un commentaire suivi ou composé. Si vous choisissez le commentaire composé, vous pourrez, par exemple, montrer comment les portraits juxtaposés de Fama et de Balla concourent à la satire des traditions obsolètes.

 

SUJET III : DISSERTATION

 

Contrairement à la littérature qui, dit-on, fait rêver, la science, elle, participerait aux progrès de l’humanité.

Vous discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis tirés de vos lectures et de votre expérience personnelle.

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