2001 : Que m’accompagnent koras et balafong (Senghor)

 

Entendez tambour qui bat ! Maman qui m’appelle. 
Elle m’a dit Toubab ! 
D’embrasser la plus belle. 
Elle m’a dit « Seigneur » ! 
Choisir ! Et délicieusement écartelé entre ces deux mains amies 
- Un baiser de toi Soukeïna ! - ces deux mondes antagonistes 
Quand douloureusement - ah ! Je ne sais plus qui est ma sœur et qui ma sœur de lait 
De celles qui bercèrent mes nuits de leur tendresse rêvée, de leurs mains mêlées 
Quand douloureusement - un baiser de toi Isabelle ! - entre ces deux mains 
Que je voudrais unir dans ma main chaude de nouveau. 
Mais il faut choisir à l’heure de l’épreuve 
J’ai choisi le verset des fleuves, des vents et des forêts 
L’assonance des plaines et des rivières, choisi le rythme de sang de mon corps dépouillé 
Choisi la trémulsion des balafons et l’accord des cordes et des cuivres qui semble faux, choisi le 
Swing le swing oui le swing ! 
Charniers neigeux d’Europe. 
J’ai choisi mon peuple noir peinant, mon peuple paysan, 
Toute la race paysanne par le monde. 
« Et les frères se sont irrités contre toi, ils t’ont mis à bêcher la terre ». 
Pour être ta trompette !

                      Léopold Sédar SENGHOR, Chants d’ombre, Editions du SEUIL, 1945.

 

Faites de ce poème un commentaire suivi ou composé. 
Dans le cadre du commentaire composé, vous pourrez par exemple montrer comment le poète exprime son déchirement face à ses amantes d’une part, et son choix définitif à travers des images fortes d’autre part.

 

OIF
RESAFAD

EXAMEN.SN V2.0 © RESAFAD SENEGAL Creative Commons License - Avenue Bourguiba x rue 14 Castors, Dakar (Sénégal) - Tél/Fax : +221 33864 62 33