2012

 

SUJET I RESUME – DISCUSSION.

                                                        Le conte, un genre au service de la société

          Dans son engagement au service de la société, le conte œuvre à maintenir les assises de la pensée culturelle et religieuse. Mieux, il tend à une sorte d’uniformisation de cette pensée dans laquelle les sociétés traditionnelles ont dû voir un facteur de permanence. Ainsi, sont prévenues les « déviations » de pensée susceptibles d’attenter à l’harmonie du groupe. De là vient de même sinon l’immobilisme du moins la lenteur des progrès enregistrés dans ces sociétés. Il faut des événements particulièrement importants – par exemple, sur la pression d’événements historiques ou à la suite d’un cataclysme entraînant un bouleversement du mode de vie – pour que ces sociétés procèdent, pour faire face à la situation nouvelle, à une remise en question de leurs valeurs culturelles et religieuses.  

           Les fonctions religieuses du conte recoupent dans une large mesure ses fonctions intellectuelles. Du fait même de l’engagement de la littérature dans la vie, dans la survie de la société, toute formation intellectuelle ne peut être que d’ordre moral ou religieux. Nombreux sont les contes qui font place à l’enseignement religieux. Il faut d’abord citer ceux qui relatent les légendes cosmogoniques qui sont à l’origine même de la religion, qui en donnent ainsi un point de départ et une justification. Viennent ensuite les contes qui illustrent tel ou tel aspect des légendes religieuses. Enfin, il existe de nombreux contes composés de toute évidence pour renforcer les sentiments religieux des auditeurs. Tel conte met en scène un personnage jouissant de la faveur des puissances supérieures en récompense de sa piété, tel autre conte relatera le châtiment exemplaire d’un mécréant auquel il sera offert ou de se soumettre aux croyances ancestrales ou de périr. Ici le conte constitue une sorte de moyen de rappel, l’enseignement religieux étant dispensé ailleurs.  

        L’une des fonctions les plus importantes du conte, que l’on sacrifie souvent un peu trop rapidement aux précédentes, se trouve être d’ordre social. Le premier intérêt du conte dans une société rurale est de permettre à ceux que leurs occupations ont séparés pendant la journée de se retrouver pour s’instruire à l’occasion et se réjouir ensemble. Ils se réunissent pour se connaître et mieux se comprendre. Ils se retrouvent et s’inquiètent des problèmes des uns et des autres. Il en naît ainsi un certain renforcement de leurs relations. Ce sont les contes qui permettent de dégager les leçons de conduite à adopter dans la vie de tous les jours, les enseignements propres à faciliter les rapports à l’intérieur du groupe. Ils rappellent en outre à l’enfant le respect dû aux anciens, à la femme ses devoirs domestiques, à l’adulte ses responsabilités envers sa famille et la communauté au sein de laquelle il vit ; il se crée ainsi, de façon tacite, une sorte d’étiquette, un code de bonne vie valable pour tous.

 

 Mohamadou KANE, Essai sur les Contes d’Amadou Coumba, Dakar, Neas, 1968, pp. 36-37

 

RESUME : Vous résumerez ce texte en 120 mots ; une marge de 10 % en plus ou en moins est toutefois admise.

 

DISCUSSION : « Ce sont les contes qui permettent de dégager les leçons de conduite à adopter dans

                       la vie de tous les jours, les enseignements propres à faciliter les rapports à

                       l’intérieur du groupe ».

                       Vous commenterez ces propos de Kane en vous appuyant sur des exemples précis

                      tirés de vos lectures et de votre expérience.

 

SUJET II : COMMENTAIRE DE TEXTE

Le médecin personnel du Guide Providentiel, nom pris par le président de la République, est devenu prisonnier de ce dernier. Il se remémore, pendant qu’il est torturé à mort, l’époque où il fut ministre de la santé.

          C’était une époque amusante où lui ne savait pas comment ça se passe. […] Rapidement, son ami Chavouala de l’Education nationale, lui apprit à tirer les trente-huit ficelles d’un ministère. « Ta situation est payante. Tu dois savoir te débrouiller… » 

           Les routes allaient dans trois directions, toutes : les femmes, les vins, l’argent. Il fallait être très con pour chercher ailleurs. Ne pas faire comme tout le monde, c’est la preuve qu’on est crétin. « …Tu verras : les trucs ne sont pas nombreux pour faire de toi un homme riche, respecté, craint. Car, en fait, dans le système où nous sommes, si on n’est pas craint, on n’est rien. Et dans tout ça, le plus simple, c’est le pognon. Le pognon vient de là-haut. Tu n’as qu’à bien ouvrir les mains. D’abord tu te fabriques des marchés : médicaments, constructions, équipement, missions. Un ministre est formé – tu dois savoir cette règle du jeu -, un ministre est formé de vingt pour cent des dépenses de son ministère. Si tu as de la poigne, tu peux fatiguer le chiffre à trente, voire quarante pour cent. Comme tu es à la santé, commence par le petit coup de la peinture. Tu choisis une couleur heureuse, tu sors un décret : la peinture blanche pour tous les locaux sanitaires. Tu y verses des millions. Tu mets ta main entre les millions et la peinture pour retirer les vingt pour cent. Puis tu viendras aux réparations : là c’est toujours coûteux pour une jeune nation et les chiffres sont faciles à fatiguer. Tu passeras aux cartes, aux tableaux publicitaires : par exemple, tu écris dans tout le pays que le moustique est un ennemi du peuple. Tu y mettras facilement huit cents millions. Si tu as une main agile, tu…»

 

                                                         Sony Labou Tansi, La vie et demie, Paris, Seuil, 1979, p. 33-34

 

Faites le commentaire suivi ou composé du texte. Dans le cadre du commentaire composé vous montrerez par exemple, comment à travers les conseils que le ministre prodigue à son homologue l’auteur dénonce de manière ironique le comportement cynique des nouveaux dirigeants africains.

 

SUJET III : DISSERTATION

Dans son essai Qu’est-ce que la littérature ? (1947), J. P. Sartre écrit : « Il n’est pas vrai qu’on écrive pour soi-même : ce serait le pire échec ». Partagez-vous une telle appréciation ?

 

 

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