2011

 

SUJET I RESUME – DISCUSSION.

                                                             Le moment artistique

Pour le public - et je ne prends pas ici ce mot en mauvaise part - pour le public, une œuvre d’art, un tableau, est une suave chose qui émeut le cœur d’une façon douce et terrible ; c’est un massacre, lorsque les victimes pantelantes gémissent et se traînent sous les fusils qui les menacent ; ou c’est encore une délicieuse jeune fille, toute de neige, qui rêve au clair de lune, appuyée sur un fût de colonne. Je veux dire que la foule voit dans une toile un sujet qui la saisit à la gorge ou au cœur, et qu’elle ne demande pas autre chose à l’artiste qu’une larme ou qu’un sourire.

Pour moi - pour beaucoup de gens, je veux l’espérer - une œuvre d’art est, au contraire, une personnalité, une individualité. 

Ce que je demande à l’artiste ce n’est pas de me donner de tendres visions ou des cauchemars effroyables ; c’est de se livrer lui-même, cœur et chair, c’est d’affirmer hautement un esprit puissant et particulier, une nature qui saisisse largement la nature en sa main et la plante tout debout devant nous, telle qu’il la voit. En un mot, j’ai le plus profond dédain pour les petites habiletés, pour les flatteries intéressées, pour ce que l’étude a pu apprendre et ce qu’un travail acharné a rendu familier, pour tous les coups de théâtre historiques de ce monsieur et pour toutes les rêveries parfumées de cet autre monsieur. Mais j’ai la plus profonde admiration pour les œuvres individuelles, pour celles qui sortent d’un jet d’une main vigoureuse et unique. 

Il ne s’agit donc plus ici de plaire ou de ne pas plaire, il s’agit d’être soi, de montrer son cœur à nu, de formuler énergiquement une individualité.(…) 

Il y a, selon moi, deux éléments dans une œuvre : l’élément réel, qui est la nature et l’élément individuel, qui est l’homme. 

L’élément réel, la nature, est fixe, toujours le même ; il demeure égal pour tout le monde ; je dirais qu’il peut servir de commune mesure pour toutes les œuvres produites, si j’admettais qu’il puisse y avoir une commune mesure. 

L’élément individuel, au contraire, l’homme, est variable à l’infini ; autant d’œuvres et autant d’esprits différents ; si le tempérament n’existait pas, tous les tableaux devraient être forcément de simples photographies. 

Donc une œuvre d’art n’est jamais que la combinaison d’un homme, élément variable, et de la nature, élément fixe. Le mot « réaliste » ne signifie rien pour moi, qui déclare subordonner le réel au tempérament.

 

                                                                           Emile Zola, Ecrits sur l’art, L’Evènement, 4 mai 1886.

Résumé :

Résumez ce texte d’environ 417 mots au quart de sa longueur, soit environ 105 mots (avec une tolérance de plus ou moins 10 %)

Discussion :

Discutez cette affirmation de Zola : « Pour moi - pour beaucoup de gens, je veux l’espérer - une œuvre d’art est, au contraire, une personnalité, une individualité »

 

SUJET II : COMMENTAIRE SUIVI OU COMPOSE

 

J’ai trouvé le régisseur de prison en train d’ « apprendre à vivre » à deux nègres soupçonnés d’avoir volé chez M. Janopoulos. En présence du patron du Cercle européen, M. Moreau, aidé d’un garde, fouettait mes compatriotes. Ils étaient nus jusqu’à la ceinture. Ils portaient des menottes et une corde enroulée autour de leur cou et attachée sur le poteau de la « Place de la bastonnade » les empêchait de tourner la tête du côté d’où leur venaient les coups. 

C’était terrible. Le nerf d’hippopotame labourait leur chair et chaque « han ! » me tenaillait les entrailles. M. Moreau, échevelé, les manches de chemise retroussées, s’acharnait sur mes compatriotes avec une telle violence que je demandais avec angoisse s’ils sortiraient vivants de cette bastonnade. Mâchonnant son cigare, le gros Janopoulos lançait son chien contre les suppliciés. L’animal mordillait leurs mollets et s’amusait à déchirer leur fond de pantalon.

- Avouez donc, bandits ! criait M. Moreau.[...] 

On ne peut avoir vu ce que j’ai vu sans trembler. C’était terrible. Je pense à tous ces prêtres, ces pasteurs, tous ces blancs qui veulent sauver nos âmes et qui nous prêchent l’amour du prochain. Le prochain du blanc n’est-il que son congénère ? Je me demande, devant de pareilles atrocités, qui peut être assez sot pour croire à tous les boniments qu’on nous débite à l’Eglise et au Temple… 

Comme d’habitude, les suspects de M. Moreau seront envoyés à la « Crève des Nègres » où ils auront un ou deux jours d’agonie avant d’être enterrés tout nus au « Cimetière des prisonniers ». Puis le prêtre dira le dimanche : « Mes chers enfants, priez pour tous ces prisonniers qui meurent sans avoir fait la paix avec Dieu ».

 

                                                                              Ferdinand OYONO, Une Vie de Boy, Pocket, 1956.

 

Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé. Dans le cas du commentaire composé, vous pourrez montrer par exemple en quoi ce passage est une épreuve pour Toundi et une étape importante de sa prise de conscience des méfaits du système colonial.

 

SUJET III : DISSERTATION

 

L'écriture est considérée comme une thérapie contre la souffrance humaine. Pensez-vous que cela soit la seule vocation de la littérature ?

Vous donnerez votre avis en vous appuyant sur des exemples littéraires précis. 

 

 

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