2009

 

SUJET I / RESUME SUIVI DE DISCUSSION.

        Il est douloureux de le dire : dans la situation actuelle, il y a une esclave. La loi a des euphémismes ; ce que j'appelle une esclave, elle l'appelle une mineure, cette mineure selon la loi, cette esclave selon la réalité, c'est la femme. L’homme a chargé inégalement les deux plateaux du code, dont l'équilibre importe à la conscience humaine ; l'homme a fait verser tous les droits de son côté et tous les devoirs du côté de la femme. 

De là un trouble profond. De là la servitude de la femme. Dans notre législation telle qu'elle est, la femme ne possède pas, elle n’este pas en justice, elle ne vote pas, elle ne compte pas, elle n'est pas. Il y a des citoyens, il n' y a pas de citoyennes. C’est là un état violent : il faut qu'il cesse. [...]

 

           Dans la question de l’éducation, comme dans la question de la répression, dans la question de l'irrévocable qu'il faut ôter du mariage et de l'irréparable qu'il faut ôter de la pénalité, dans la question de l’enseignement obligatoire, gratuit et laïque, dans la question de la femme, dans la question de l'enfant, il est temps que les gouvernants avisent. Il est urgent que les législateurs prennent conseil des penseurs, que les hommes d'Etat, trop souvent superficiels, tiennent compte du profond travail des écrivains, et que ceux qui font les lois obéissent à ceux qui font les moeurs. La paix sociale est à ce prix.

         Nous philosophes, nous contemplateurs de l'idéal social, ne nous lassons pas. Continuons notre œuvre. Étudions sous toutes ses faces, et avec une bonne volonté croissante, ce pathétique problème de la femme dont la solution résoudrait presque la question sociale tout entière. Apportons dans l'étude de ce problème plus même que la justice ; apportons-y de la vénération ; apportons-y de la compassion. Quoi ! il y a un être, un être sacré, qui nous a formés de sa chair, vivifiés de son sang, nourris de son lait, remplis de son coeur, illuminés de son âme et cet être souffre, et cet être saigne, pleure, languit, tremble. Ah ! Dévouons-nous, servons-le, défendons-le, secourons-le, protégeons-le ! [...] 

        Redoublons de persévérance et d'efforts. On en viendra, espérons-le, à comprendre qu'une société est mal faite quand l'enfant est laissé sans lumière, quand la femme est maintenue sans initiative, quand la servitude se déguise sous le nom de tutelle, quand la charge est d'autant plus lourde que l'épaule est plus faible ; et l'on reconnaîtra que, même au point de vue de notre égoïsme, il est difficile de composer le bonheur de l’homme avec la souffrance de la femme.

                                                                                                          Victor Hugo, Actes et paroles III

 

               (Discours prononcé le 9 juin 1872 au cours d’un banquet organisé pour « l’émancipation civile des femmes », et publié dans le journal Le Rappel du 11 juin 1872).

 

 RESUME

               Vous résumerez ce texte de 439 mots au quart (1/4) de sa longueur soit environ 110 mots (avec une marge de tolérance de plus ou moins 10%).

 

DISCUSSION

            Pensez-vous, comme Victor HUGO, que «l’homme a fait verser tous les droits de son côté et tous les devoirs du côté de la femme.» ?

 

SUJET-II / COMMENTAIRE DE TEXTE

 

(Nous sommes à la fin de la pièce. Aliin Sitooye livre ses dernières réflexions à Benjamin Jaata. Soudain la pluie se met à tomber.)

                                                            Aliin

             Il pleut !... J'aime cet instant où le temps semble avoir lié ses ailes et se reposer. Le silence est presque parfait. Rien que le froufrou frais des feuillages sous les doigts folâtres du vent ! Ah ! L’écho des gouttes d'eau en moi !... C'est toujours ainsi ! Je ne sais quel est cet étrange plaisir qui se love en moi, chaque fois que la pluie tombe ! Comme une fillette, je ne me retiens plus de joie, je veux sautiller et applaudir, je veux crier mais ma gorge se noue. Alors les larmes coulent, roulent silencieuses, sur mes joues, sans que je m'en aperçoive... C'est toujours ainsi. Je couve, il est certain, un grand poème d'alizé pour ce monde aride qui saigne de toutes ses plaies !... Benjamin, cet instant est de paix. Qu'il dure et s'enracine dans toutes les âmes et s'étende à toute la terre. [...]

           Adieu !

           (Exit Benjamin. Lourd silence. Chant de la pluie ...)

 

            Il pleut !

          La forêt, vieillie par l'âpre saison, en tresses lasses, étale sa poudreuse chevelure qui tombe à ses pieds multiformes ! Fromagers, palétuviers, palmiers et caïlcédrats debout sous la pluie sont lavés jusqu'aux racines. Homme, étale ton âme salie ! C'est la main sans gant de la haine qui attise le Feu dont la langue ardente lèche le monde. Pluie, lave-nous l'esprit afin que nous reniions tout progrès qui transfigure, détruit ou décime. Lave-nous le cœur afin que nous priions avec le pauvre sans pain ni toit, avec le faible sous le joug, avec le tirailleur qui s'en va prêter sa vie à la neige et au froid profond des tranchées ! Il pleut ! Homme, étale ton âme salie ! Chaque pluie qui tombe rebaptise le monde.

                                                                                                                                Fin de la pièce.

                                                                                                                Marouba, Aliin Sitooye Jaata ou la Dame de Kabrus,

                                                                                                                          Rétrospective 14, Néas, pp. 136 -139.

 

        Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé. Dans le cadre du commentaire composé, vous pourrez montrer par exemple comment l'évocation de la pluie se transforme en une prière de paix pour le salut du monde.

 

SUJET - III / DISSERTATION

 

           Dans la préface de Pierre et Jean, Maupassant disait : « Le but du roman n’est pas de nous raconter une histoire, de nous amuser et de nous attendrir mais de nous forcer à penser, à comprendre le sens profond et caché des événements.» Partagez-vous cette opinion ?

 

                Vous donnerez votre réponse en vous appuyant sur des exemples littéraires précis.

 

 

OIF
RESAFAD

EXAMEN.SN V2.0 © RESAFAD SENEGAL Creative Commons License - Avenue Bourguiba x rue 14 Castors, Dakar (Sénégal) - Tél/Fax : +221 33864 62 33