2007

 

SUJET I : RESUME SUIVI DE DISCUSSION.

        Nous avons vu comment, dans le domaine de la littérature africaine, il y eut avant et tout de suite après la décolonisation, cette sorte d’impératif auquel il était difficile aux écrivains d’échapper, et qui exigeait un engagement. Le fameux engagement en faveur de l’indépendance et contre l’impérialisme. La cause était sûrement juste. C’est même en raison de cette justesse évidente qu’elle fut pratiquement érigée en contrainte. Et en son nom, certains critiques s’autorisèrent à condamner les écrivains comme Camara Laye qui ont aimé et défendu l’Afrique autrement que par la dénonciation anti-coloniale et anti-impérialiste. 

      Mais c’est aussi un peu cela l’air du temps. Car, ailleurs, à la même période et sous prétexte de défense des valeurs prolétariennes, des artistes ont dû se démettre de leur liberté et soumettre leurs inspirations à un patron unique, rectificateur et réducteur, le réalisme socialiste qui voilait le regard des peintres et encastrait l’imagination dans les casiers et les calculs des idéologies. 

    Les sociétés africaines, on le sait, se déplacent dans l’histoire selon des trajectoires extrêmement chaotiques. Elles passent presque sans transition de l’état dit traditionnel à celui réputé moderne. Sur le plan politique, depuis quelque temps, elle doivent, sur la pressante sollicitude des puissances du Nord, passer du monopartisme prétendument unificateur et fondateur de la Nation, à un pluralisme qui caricature souvent la démocratie sans en réaliser l’essence.

       L’intérêt de cette situation qui est celle que vivent présentement bien des pays africains, c’est la nécessité qu’elle impose d’avoir des guetteurs, des hommes d’une sensibilité hors du commun qui perçoivent souvent avec une cruelle lucidité, les ruptures à venir avant que les prémices n’en soient évidentes pour les autres. Ces hommes-là, ce sont les artistes. Leur noblesse n’est pas seulement de sonner l’alerte pour réveiller des consciences engourdies. Leur grandeur, c’est aussi d’avoir pour mission de maintenir intactes en ce monde les marques de l’humanité qui ne sont jamais aussi nettes et  étincelantes qu’à travers l’art et la culture. Ils ont commencé cette tâche depuis bien longtemps, lorsqu’ils traçaient des traits déjà d’une étonnante habileté sur les parois des cavernes.

L’opposition qu’il voue en permanence à la barbarie et aux ténèbres place l’artiste, très souvent, face à face avec le tyran, celui qui exige obéissance et soumission.

 

                                                                                                                            Mame Less CAMARA

                                                                                                  (Actes de la 2ème Biennale des Arts et des Lettres)

                                                                                                         Dak’ art «92»

 

 1 / RESUME : Vous résumerez ce texte de 372 mots au quart de sa longueur soit environ 93 mots (avec une marge de plus ou moins 10%).

2/ DISCUSSION : Vous discuterez ensuite l’opinion de l’auteur qui considère les artistes « comme des guetteurs, des hommes de sensibilité hors du commun qui perçoivent, souvent avec une cruelle lucidité, les ruptures à venir avant que les prémices n’en soient évidentes pour les autres. »

 

Sujet II : COMMENTAIRE DE TEXTE

C’était Maheu qui souffrait le plus. En haut, la température montait jusqu’à trente-cinq degrés, l’air ne circulait pas, l’étouffement à la longue devenait mortel. Il avait dû, pour voir clair, fixer sa lampe à un clou, près de sa tête ; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait de lui brûler le sang. Mais son supplice s’aggravait surtout de l’humidité. La roche, au-dessus de lui, à quelques centimètres de son visage ruisselait d’eau, de grosses gouttes continues et rapides, tombant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la même place. Il avait beau tordre le cou, renverser la nuque : elles battaient sa face, s’écrasaient, claquaient sans relâche. Au bout d’un quart d’heure, il était trempé, couvert de sueur lui-même, fumant d’une chaude buée de lessive. Ce matin-là, une goutte, s’acharnant dans son œil, le faisait jurer. Il ne voulait pas lâcher son havage1, il donnait de grands coups, qui le secouaient violemment entre les deux roches, ainsi qu’un puceron pris entre deux feuillets d’un livre, sous la menace d’un aplatissement complet.

 

                                                                                                                                  EMILE ZOLA

                                                                                                          GERMINAL, Edition Folio pp 86 1ere partie chap. 4.

(1) havage : abattage de la roche dans une mine.

 

       Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé. Si vous choisissez le commentaire composé, vous montrerez par exemple comment, par la précision de la description, l’auteur exprime les tourments imposés à l’ouvrier et transforme le travail dans la mine en séance de torture raffinée.

 

SUJET III : DISSERTATION

          Le but de la littérature est de faire oublier les soucis de la vie, de faire rêver.

Commenter et discutez cette opinion en vous appuyant sur des exemples littéraires précis.

 

 

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